Laisser du temps à son coeur.
Près de la porte d'entrée, une dizaine de boîtes sont entassées les unes sur les autres.
Quelques souvenirs sont laissés là, abandonnés dans ces vieux cartons.
À présent, l'âme de cette charmante demeure était assombrie par le ciel gris des derniers mois.
Même la douce lumière, qui autrefois apaisait nos cœurs, n'avait plus d'effet sur nous.
Chaque jour était devenu une éternité.
Les minutes, les secondes…
Et puis, un beau matin, plus rien.
L'appartement s'est vidé.
Tu es parti.
Je suis restée.
Les yeux dans l'eau et le cœur salé, on s'est dit au revoir.
La guerre était enfin terminée.
Sur le champ de bataille, les quelques bombes éclatées avaient laissé des traces saupoudrées d'amertume où le seul moyen de s'en sortir était d'accepter.
Accepter que désormais, tu sois l'inconnu de mon lit.
L'inconnu de ma vie.
Que tous nos moments de tendresse deviendraient poussière d'étoiles et perdus à jamais dans un univers beaucoup plus merveilleux que le nôtre.
Ce matin-là, assise sur le sofa, je me suis laissée emporter par la douceur des rayons du soleil sur mon cœur gelé.
Quelques larmes ont coulé sur mes joues.
J'avais oublié à quel point l'appartement était grand.
Je me suis remémorée nos doux instants.
Peut-être que c'était ma manière à moi d'accepter ton absence.
J'ai vécu notre séparation un jour à la fois, sans rien refouler.
De toute manière même si j'avais voulu tout garder en dedans, j'aurais probablement fait une overdose de sentiments.
Même si les journées étaient des vagues et les nuits des pansements, je savais qu'il y avait une fin à ce jeu et qu'un jour, je serais capable de jouer à nouveau, et ce, avec de nouvelles règles.
On dit souvent que le temps fait bien les choses.
Quoi de plus difficile à entendre lorsque notre cœur est fracassé?
Malgré tout, cette phrase dit vrai.
Il faut laisser du temps à son cœur.
Beaucoup de temps.
Que la pommade et les histoires d'un soir ne font qu'engourdir la douleur.
Que l'amour laisse toujours des marques.
Et que seul le temps peut effacer l'entaille d'une écharde de déception.
– Gabrielle