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As-tu dit romantique?

J'dois l'avouer, j'déteste la Saint-Valentin.

En réalité, qui aime vraiment cette fête? Sérieusement...

Devoir acheter une maudite boîte de chocolats en forme de cœur du Laura Secord, acheter des maudites fleurs qui meurent seulement après quelques heures, acheter de la maudite lingerie fine que ton copain ne prendra même pas le temps de remarquer, puisqu'en un simple claquement de doigts, ta p'tite culotte se retrouvera sur le plancher.

Je hais la Saint-Valentin. Non, j'suis pas l'une de ces personnes frustrées qui écrit partout dans les réseaux sociaux des p'tites phrases du genre : « OMG, je suis seule pour la Saint-Valentin, ma vie c'est de la marde », et ce, une semaine avant ladite journée des amoureux. T'sais, on s'en fout de ne pas avoir une personne avec qui partager un souper aux chandelles ou une fucking bonne partie de jambe en l'air cette journée-là. Au contraire, t'as plus d'argent dans tes poches pis t'as pas à dealer avec le gluten et les fibres au courant de la journée au cas où que ton ventre soit gonflé, voire ballonné, quand sera le temps d'enfiler ton joli dessous sexy.

Bref, malgré mon manque d'amour vis-à-vis cette journée d'horreur qu'est le 14 février, j'ai tout de même envie d'aborder le sujet du romantisme, parce que j'dois dire que pour ma part, je n'ai jamais accepté le fait que je pouvais être une personne romantique. J'crois bien que l'une des raisons est liée au fait que j'avais étiqueté le mot romantique à une personne qui lit les histoires d'amour cucul que l'on retrouve dans les romans Harlequin. Ark! Pour moi, ce mot signifiait que l'on devait être gaga et faire l'amour avec des bougies parfumées au bois de santal, et ce, dans la position du missionnaire.

En couple, on devait se trouver une p'tite chanson bin quétaine dans le genre de On va s'aimer encore, seulement pour avoir l'impression qu'on partage quelque chose d'unique ensemble. On se devait de lui écrire des poèmes à la Alfred de Musset ou lui composer une chanson d'amour à la Jean-Pierre Ferland. Manger n'était plus nécessaire, on pouvait vivre seulement d'amour et d'eau fraîche, puisque ça suffisait à notre survie. Dans le fond, on vivait dans une méchante grosse bulle de naïveté telle des enfants qui croient en l'existence du père Noël.

J'ai eu une claque dans face. Le genre de coup qui t'fait douter sur qui tu es réellement, toi, dans la vie. C'est arrivé l'autre jour quand mes amies ont commencé à me confier qu'elles me trouvaient romantique. What the fuck? T'sais, dans vie, l'une des pires choses que tu pouvais me dire pour me faire vomir, bin tu viens de m'la dire. Moi, romantique? Ark, ark, ark!

J'me voyais déjà sur la page couverture d'un de ces romans quétaines : lui, avec ses longs cheveux dans le vent, sa chemise bouffante; juste assez déboutonnée pour qu'on aperçoive son gros chest poilu, pis moi, dans ses bras, à le regarder comme si je voulais lui bouffer la face, mettons.

Anyway, après avoir régurgité tout ce que contenait mon estomac, j'ai commencé à me questionner sur la réelle signification de ce mot. J'voulais dont bin pas être romantique…

J'ai demandé à mon grand pote Google ce que voulait dire ¨être romantique¨. Grand conseiller, il m'a répondu que la base est qu'il faut aimer l'amour. Euh, aimer l'amour? Oui, m'a-t-il répondu. Après mûre réflexion, j'ai compris la devise de celui-ci comme quoi on devait s'aimer soi-même, aimer les autres et accepter d'être aimé.

Je me suis souvenue de la théorie qui dit qu'il faut s'aimer soi-même avant de pouvoir aimer quelqu'un d'autre. Pourtant, même si celle-ci est vieille comme la Terre, on ne prend pas nécessairement le temps de la mettre en pratique dans nos vies avant de s'embarquer dans une relation avec un individu.

Nombre de fois où j'ai pensé que l'amour pour soi venait avec l'amour reçu d'une autre personne. Bin non fille! J'ai réalisé avec le temps qu'une personne ne peut nous aimer, si nous-mêmes, on ne s'aime pas. Quand on y pense, comment peut-on aimer une personne si on considère que nous-mêmes, on ne peut être aimé?

Donc, après plusieurs tentatives à essayer de me conquérir, parce que oui, on a le droit de se ¨cruiser¨, j'ai fini par me rendre compte que le meilleur moyen de s'aimer est de commencer par se défaire de la croyance qui est que pour exister, il faut absolument avoir quelqu'un dans sa vie.

Arrêter de chercher à l'extérieur et commencer par chercher à l'intérieur de nous.

Se consacrer du temps.

Apprendre à se connaître.

Se connecter avec l'essentiel : nous.

J'ai commencé à me regarder dans le miroir et à me dire : « Hey, toi, j't'aime ». Même quand mes yeux étaient aussi cernés que le siège de toilette d'une place publique ou que j'avais un bouton aussi gros qu'un kyste, prêt à exploser, en plein milieu du front, j'continuais à me complimenter.

J'me suis écrit des phrases magiques à lire tous les matins, dès le réveil. Des p'tits mots d'amour. À moi de moi. Je les ai mis partout. Sur le plafond de ma chambre, sur mon chat, sur le miroir de la salle de bain, sur le frigo, sur la pinte de lait, sur ma tasse à café, sur le volant de ma voiture, PARTOUT!

Finalement, avec bin du temps pis bin des post-it, j'ai réussi à gagner mon cœur de pierre. J'assume maintenant mon côté romantico-quétaine. Oui, je suis l'une de ces personnes ringardes qui aspirent à un amour idéaliste, une Victor Hugo au temps moderne, une Nicholas Sparks qui croit aux grandes histoires d'amour. Oui, je veux vivre une rencontre comme Rose et Jack dans Titanic, comme Allie et Noah dans Les pages de notre amour, comme Jamie Sullivan et Landon Carter dans Une promenade inoubliable. J'veux perdre tous mes moyens, ne plus avoir faim, ne plus dormir, être gaga, écrire des poèmes en utilisant des mots insensés, partager une maudite chanson quétaine avec quelqu'un.

À présent, j'suis prête à donner de l'amour à quelqu'un. J'suis prête parce que je vis une histoire d'amour exceptionnelle avec moi-même.

– Gabrielle