À toi, le gars en couple.
J'ai décidé de t'écrire, toi, le gars qui se magasine une fille.
Il faut que tu saches que je ne te juge pas.
C'est simplement que je veux te comprendre dans tes intentions de gars déjà en couple.
Tu sais, j'ai déjà été à la place de ta copine.
C'est pourquoi, d'instinct, je me mets à sa place.
À la place de cette fille qui te réchauffe et t'embrasse quand toi, le gars qui revient de veiller avec ses amis au petit matin va la rejoindre sous les draps.
À la place de cette fille qui ne se doute pas que toi, le gars qu'elle aime, tu puisses te garder des portes ouvertes au cas où qu'un soir, tu ne veuilles plus d'elle.
L'autre soir, quand tu es venu m'aborder dans ce bar, j'étais loin de me douter que tu étais en couple.
Salut, c'est quoi ton nom? m'as-tu demandé.
On a jasé et jasé.
On a passé de l'abstrait au concret après quelques sujets.
Tu avais l'air d'un gars intéressé.
Un vrai chasseur de cœurs.
Pis c'est là que tu as avoué :
Btw, j'ai une blonde.
…
Je dois te confier que la première chose à laquelle j'ai pensé, probablement en raison de ma naïveté, c'est que toi et ta blonde vous vous cherchiez quelqu'un pour pimenter votre vie sexuelle.
Vu ton « honnêteté », ça me paraissait logique.
Puis, j'ai remarqué que ton visage était figé.
Un malaise planait autour de nous deux.
Euh, tu trouves ça bizarre han?
Bin, j'suis comme pas certaine de comprendre…
C'est juste que c'est compliqué ces temps-ci avec ma blonde.
Compliqué?
Habituellement, je t'aurais dit un tas de bêtises et je serais partie.
Mais ce soir-là, je suis restée à tes côtés.
Pourquoi?
Pour me rassurer.
Parce que tu vois, mon cœur ne pouvait pas supporter une déception de plus de la gent masculine.
Ce n'était pas un crève-cœur à savoir que désormais, je n'avais plus de chance de te ramener dans mon lit, parce qu'on va se le dire, tu aurais probablement accepté.
Je me disais que peut-être, en cet instant, ton cœur était aussi glacial que cette soirée d'automne.
Que peut-être, tu avais simplement besoin de le réchauffer avec un peu de bière et des paroles de gentilles filles.
Je voulais te donner le bénéfice du doute pour me réconforter, moi, la fille qui croit encore en l'existence des bon gars.
Je suis restée là, à te poser dix mille questions et à écouter tes cent mille confessions.
Je sais…qui je suis, moi, pour te juger.
C'est ce que je t'ai dit après t'avoir demandé pourquoi tu étais venu me parler.
Même si je ne connaissais pas tes réelles intentions, je me doutais bien que tu n'étais pas là juste pour me parler de la pluie et du beau temps.
Je me mettais à la place de cette douce fille qui devait être du genre à te faire de la soupe poulet et nouilles quand tu avais une grosse grippe d'homme.
À se faire belle, trop belle juste pour que toi, tu la remarques le temps d'une soirée.
Cette fille qui devait te faire l'amour sauvagement et t'aimer tendrement.
Je me mettais dans sa peau.
Dans la peau de toutes ces filles, qui, un jour, se font avoir par des gars comme toi.
L'idée que tu pouvais lui faire vivre un tel calvaire me donnait des hauts le cœur comparable à un mal de mer.
Sauf qu'à cet instant, je n'étais pas sur un bateau en plein océan, mais bien dans un bar où des cœurs se font briser avec quelques shooters de téquila.
Peut-être que mon hypersensibilité ne me permet pas d'écouter les propos de gars comme toi.
Des mots qui me font vivre des émotions qui ne m'appartiennent pas.
J'espère seulement qu'un jour tu te rendras compte qu'au-delà des cœurs de pierre subsistent également des cœurs blessés et des cœurs aimants.
Que tu comprendras que tes actions et tes paroles peuvent atteindre plus qu'un cœur à la fois.
Je te répète, toi, le gars qui a brisé plus d'un cœur ce soir-là, je ne te juge pas.
Je souhaite que tu t'aimes assez pour être capable de dominer ta quête d'attention de la part des autres filles.
Que tu ouvres tes yeux avant qu'il ne soit trop tard.
Je souhaite à cette fille qui t'aime que tu puisses enfin l'aimer comme elle le mérite.
L'aimer avec un cœur tendre, un cœur amoureux.
– Gabrielle